S'adapter ou payer : quand l'adaptation devient un levier de résilience et de compétitivité
Résumé en 3 minutes
Introduction
Chaque année, les records climatiques tombent les uns après les autres. Inondations, incendies, tempêtes… En France, nous sommes particulièrement exposés : littoral étendu, domaines montagneux, territoires ultramarins, zones urbaines denses. Résultat : nous sommes le pays européen le plus touché par les catastrophes naturelles. [1]
À l'échelle mondiale, le constat est tout aussi alarmant : le nombre de catastrophes naturelles a été multiplié par cinq en cinquante ans. [2] Et ce n'est pas juste un problème pour "demain" car les entreprises subissent déjà des impacts directs : ruptures d'approvisionnement, actifs endommagés, coûts assurantiels qui explosent.
Alors, comment rester compétitif et pérenne dans un monde qui change aussi vite ? La réponse tient en deux mots : atténuation ET adaptation. Ces deux mots sont les deux facettes de toute stratégie climatique robuste.
Atténuation
L'atténuation, c'est tout ce qu'on fait pour réduire les causes du changement climatique, surtout en coupant les émissions de gaz à effet de serre (comme le CO₂ ou le méthane). Ce sont par exemple les chantiers relatifs au développement des énergies renouvelables, à la rénovation énergétique du bâti ou encore au développement des transports en commun décarbonés.
→ C'est un thème historique de la lutte contre le dérèglement, visant à "éviter" que les risques climatiques ne s'aggravent.
Adaptation
L'adaptation au changement climatique, c'est tout ce qu'on fait — en tant qu'individus, entreprises, pays, etc. — pour vivre avec les conséquences du réchauffement, parce qu'on sait qu'on ne peut plus tout éviter. Ce sont par exemple les chantiers relatifs à la construction de digues pour protéger les villes côtières de la montée des eaux ou à l'installation de toits végétalisés en ville pour lutter contre les vagues de chaleur.
→ C'est un thème qui a été formalisé depuis le rapport du GIEC de 2007, soulignant que, même avec une atténuation forte, des impacts sont inévitables. Appelant, par là, au renforcement des stratégies d'adaptation.
Historiquement, le financement de la transition climatique s'est concentrée sur les enjeux d'atténuation. En 2022, seuls 5% des flux de financement climatiques étaient destinés à l'adaptation, généralement perçus comme moins rentables, moins perceptibles [4]. Depuis, l'accentuation de la réglementation, la perception croissante des enjeux climatiques ainsi que les attentes des parties prenantes, ont renforcé l'intérêt des entreprises pour cette thématique.
Dans tous les cas, ce duo de thèmes est indissociable, ou plutôt obligatoire pour envisager sérieusement les enjeux climatiques.
On ne sauvera pas le climat uniquement en réduisant les émissions... De même qu'on ne pourra pas s'adapter sans freiner le réchauffement !
Pour l'heure, nous avons choisi de détailler les enjeux relatifs à l'adaptation. Alors, vous êtes prêts ? En avant !
Chapitre 1
Les risques climatiques et leurs coûts
Les risques climatiques
Quand on parle de risques climatiques, on distingue deux grandes familles :
  • les risques lents
  • les risques extrêmes.
Exemples de pertes et de dommages économiques et non économiques résultant d'événements extrêmes et à évolution lente [3]
Les premiers sont plus subtils et difficiles à percevoir : montée progressive du niveau de la mer, fonte des glaciers, disparition d'espèces, acidification des océans, hausse générale des températures… On y trouve aussi la dégradation des sols et des forêts, ou encore la désertification. Ce sont des changements discrets au jour le jour, mais qui laissent des traces profondes sur nos écosystèmes, nos économies et nos vies. Ils entraînent également des pertes difficiles à chiffrer : atteinte au patrimoine culturel, détérioration de la santé et des conditions de vie, affaiblissement de la biodiversité.
Les seconds, eux, frappent vite et fort. Ce sont les événements extrêmes : sécheresses, inondations, vagues de chaleur, cyclones tropicaux, submersions marines… Leur brutalité se mesure en pertes humaines, dégâts matériels et millions d'euros pour réparer ou reconstruire.
Lents ou extrêmes, les risques climatiques sont désormais bien installés dans notre réalité. Depuis 2021, les inondations en Belgique, Allemagne et Espagne ont déplacé des populations entières et paralysé des activités économiques. En 2024, l'ouragan Chido a frappé Mayotte, rappelant la vulnérabilité des régions tropicales. Et début 2025, les incendies de Los Angeles ont forcé l'évacuation de 180 000 personnes.
Aux Etats-Unis, le nombre de jours entre deux catastrophes climatiques dont le bilan économique atteint ou dépasse le milliard de dollars est passé de 75 jours dans les années 1980 à 18 jours dans les années 2020… Source : Agence NOAA
Et les projections ne sont pas rassurantes. Dans un scénario à +2 °C d'ici 2100, les sécheresses pourraient devenir 4,1 fois plus fréquentes et le niveau des mers pourrait grimper de 60 cm, mettant directement en danger 410 millions de personnes. [4]
Les coûts associés aux aléas
La fréquence et l'intensité accrues des phénomènes climatiques extrêmes entraînent une hausse significative des coûts économiques et sociaux. En France, les indemnisations d'assurance liées aux sinistres climatiques ont atteint 10 milliards d'euros en 2022, presque trois fois la moyenne annuelle de la décennie précédente.
Coût des sinistres climatiques en France (en milliards d'euros constants 2022) [5]
Mais ces montants ne représentent qu'une partie du coût total : le coût sanitaire, lié aux maladies et hospitalisations induites par le changement climatique, est estimé entre 22 et 37 milliards d'euros pour 2015-2020, soulignant l'impact direct sur la santé des populations.. [5]
Certaines manifestations climatiques récentes illustrent déjà ces conséquences économiques et sociales : les canicules qui ont frappé la France depuis le printemps 2025 auraient coûté près de 9 milliards d'euros, soit 0,3 point de PIB, selon Allianz Trade [Z] . À l'échelle locale, certains territoires sont confrontés à des effets très concrets et immédiats : depuis janvier 2024, la commune des Sables d'Olonne ne parvient plus à trouver d'assureur pour couvrir ses biens contre les catastrophes naturelles, illustrant la double contrainte du risque élevé et du coût croissant pour les habitants.
L'urgence de l'adaptation et le coût de l'inaction climatique
Face à l'augmentation rapide des coûts liés au changement climatique, l'adaptation devient un enjeu central des politiques publiques. Plusieurs organisations françaises alertent sur la nécessité d'investir davantage dans ce domaine. Dans un rapport publié en septembre 2025, la Cour des comptes souligne que nos efforts actuels « ne sont plus suffisants pour remplir les engagements climatiques de la France » et rappelle que d'autres crises s'aggravent simultanément : perte de biodiversité, augmentation des déchets, détérioration des ressources en eau.
L'Institut de l'économie pour le climat (I4CE), dans son rapport Anticiper les effets d'un réchauffement à +4 °C, insiste également sur l'urgence d'agir. Il met en avant des mesures dites « sans regret », bénéfiques quelles que soient les trajectoires climatiques futures : lutte contre les incendies, prévention des inondations, renforcement des agences de l'eau ou encore accompagnement des territoires littoraux et montagnards. Le budget minimum à mettre en place est évalué à 2,3 milliards d'euros par an, un investissement relativement modeste au regard des risques encourus.
I4CE précise toutefois qu'il est impossible de définir un coût unique de l'adaptation. Les montants varient selon les secteurs (bâtiment, transport, agriculture) et dépendent à la fois du niveau de réchauffement retenu et des choix collectifs de société. Rendre une route insubmersible, par exemple, peut coûter plusieurs millions d'euros, tandis que recourir à des fermetures temporaires en cas de crue représente une option moins coûteuse, mais aussi moins protectrice. Autrement dit, le coût de l'adaptation sera le reflet du degré d'ambition et des stratégies décidées.
En revanche, comme le rappelle la Cour des comptes, une certitude demeure : "le coût de la transition est bien inférieur à celui de l'inaction" . Selon la Cour des comptes, la poursuite des politiques actuelles pourrait déjà entraîner, pour la France, une perte de 11,4 points de PIB à l'horizon 2050. Une étude de l'ADEME montre également que, dans un scénario d'inaction climatique avec un réchauffement global de +3,5 °C, les pertes économiques pourraient dépasser 10 points de PIB annuel, soit environ 3 500 € par Français chaque année. Ces pertes proviendraient à la fois de la baisse des rendements agricoles, des coûts des catastrophes naturelles, de la montée du niveau de la mer et des perturbations du commerce international.
Les travaux internationaux confirment également ce constat. Une étude publiée en septembre 2025 dans la revue PLOS Climate estime que, sans maîtrise du réchauffement, le PIB mondial par habitant pourrait diminuer d'un quart d'ici 2100.
En clair, chaque euro investi dès aujourd'hui dans l'adaptation permet non seulement de limiter les coûts futurs des catastrophes, mais aussi de protéger la résilience économique et sociale du pays. À l'inverse, repousser l'action reviendrait à alourdir une facture déjà considérable.
Chapitre 2
Pourquoi les entreprises doivent s'adapter ?
Risques spécifiques aux entreprises et aux professions
Le changement climatique n’est pas seulement une question de prévisions météorologiques ou de rapports scientifiques. Pour les entreprises, il se traduit par deux grandes familles de risques :
  1. Les risques physiques, liés aux impacts directs du dérèglement climatique (élévation du niveau de la mer, canicules, sécheresses, inondations…).
  1. Les risques de transition, qui apparaissent lorsque l’économie et les réglementations s’adaptent pour réduire les émissions de carbone (nouvelles lois, taxes carbone, évolution de la demande…).
Les risques physiques pour les entreprises
Toutes les entreprises sont concernées par le changement climatique, quel que soit leur cœur d’activité. Même les organisations les plus digitalisées, qui pourraient se sentir à l’abri, sont exposées : les vagues de chaleur, tempêtes ou inondations peuvent affecter les infrastructures critiques comme les serveurs, les data centers ou les câbles sous-marins, et perturber durablement les opérations.
Ces risques se manifestent de différentes manières :
  • La santé des collaborateurs : le stress thermique provoqué par la chaleur affecte la productivité, la qualité des relations de travail et augmente les accidents. En France, entre 14 % et 36 % des travailleurs. Cette situation entraîne fatigue, baisse de vigilance et nervosité.

💡 Exemple : Le secteur du BTP
Dans le secteur du BTP, des entreprises comme Bouygues ou NGE ont déjà transformé l'organisation des chantiers pour préserver la santé de leurs salariés par la mise en place d'horaires décalés, de la modification des vêtements de travail et l'augmentation du nombre de pauses pour s'hydrater… Certains chantiers doivent désormais être réalisés la nuit pour éviter l'exposition aux températures extrêmes !
Depuis 2024, la canicule fait partie des motifs ouvrant au chômage technique pour les ouvriers du bâtiment, permettant alors des indemnisations en cas d'arrêt de chantier. Un exemple de plus des impacts financiers du dérèglement climatique et de la nécessité pour les entreprises de s'y préparer. [9]
Les vingts-trois métiers les plus exposés à une température élevée [9]
  • La hausse des coûts d'exploitation : les entreprises situées en zones à risque doivent faire face à des primes d'assurance plus élevées, à la nécessité de renforcer leurs infrastructures, voire à déplacer certaines activités. Cela inclut aussi les surcoûts logistiques liés aux perturbations climatiques.
  • La menace sur le cœur d'activité : certains secteurs (agriculture, pêche, exploitation minière, fournisseurs d'énergie) doivent repenser leur modèle économique face aux nouvelles conditions climatiques et à la raréfaction des ressources naturelles. Les ruptures de chaîne d'approvisionnement et les interruptions d'activité en font pleinement partie.

💡 Exemple : Stadler Rail
En 2024, le constructeur de tramway suisse Stadler Rail a été frappé de plein fouet par les intempéries… de Valence en Espagne ! Ce n'était pas son usine principale qui était concernée, mais une chaîne de fournisseurs régionaux, assurant la production de composants indispensables aux moteurs d'une cinquantaine de chantiers ferroviaires. Les dégâts occasionnés ont été estimés à environ 350 millions d'euros et ont provoqué une chute immédiate du titre à la Bourse suisse. L'épisode illustre la vulnérabilité systémique des modèles industriels et de l'urgence d'investir dans des stratégies d'adaptation ! [10]
Les risques de transition pour les entreprises
Au-delà des impacts physiques, le changement climatique entraîne aussi des risques de transition, liés à l'adaptation de l'économie vers un modèle bas-carbone :
  • Risques financiers : le passage à un modèle bas-carbone impose des investissements lourds, notamment en R&D et nouvelles technologies.

💡 Exemple : Volkswagen
En mars 2023, la marque Volkswagen a annoncé engager un plan d'investissement d'environ 180 milliards d'euros sur cinq ans pour transformer son modèle industriel vers la voiture électrique et les technologies numériques (logiciels embarqués, plateformes connectées, production de batteries). Cet effort colossal mobilise l'essentiel de ses capacités financières et humaines, réduisant à court terme sa rentabilité.
En clair : le groupe sacrifie une partie de ses marges présentes pour tenter de rattraper Tesla et BYD sur l'innovation et la maîtrise des chaînes de valeur électriques. Cette réallocation massive illustre le dilemme structurel de la transition bas-carbone : investir massivement aujourd'hui pour espérer rester compétitif demain..
  • Risques réglementaires : le renforcement des lois et des obligations de reporting transforme le fonctionnement des entreprises. La directive CSRD, quoique possiblement remise en cause à l'occasion du Package Omnibus, vise à contraindre des milliers d'entreprises européennes à renforcer leurs publications extrafinancières - les exposant à de possibles poursuites en cas de manquement à cette exigence de transparence.
  • Risques juridiques et de responsabilité : Les entreprises peuvent être poursuivies si elles sont jugées insuffisamment engagées face au changement climatique. en France, des ONG et collectivités locales ont poursuivi TotalEnergies au titre du « devoir de vigilance », l'accusant de ne pas aligner sa stratégie sur l'Accord de Paris. De même, Shell a été condamné aux Pays-Bas en 2021 à réduire ses émissions de CO₂ de 45 % d'ici 2030.
  • Risques réputationnels : L'image des entreprises est désormais étroitement liée à leur engagement climatique et environnemental. Dans le secteur textile, Shein a été critiquée pour l'opacité de sa chaîne d'approvisionnement et son modèle de fast fashion, tandis que Coca-Cola a fait face à de nombreuses critiques pour son usage massif de plastique à usage unique.
Vulnérabilité des entreprises et pertes
Toutes les chaînes d'approvisionnement présentent un certain degré de vulnérabilité, même si ce degré peut varier fortement d'une entreprise à l'autre. Autrement dit, aucune entreprise n'est totalement à l'abri : chacune est plus ou moins sensible aux perturbations. On parle alors de facteurs de vulnérabilité.
Les facteurs de vulnérabilité aux aléas climatiques d'une chaîne d'approvisionnement. Où l'on voit que l'adaptation est un enjeu global pour l'entreprise, supposant une analyse approfondie de son offre, de ses implantations géographiques et de celles de ses fournisseurs, des tendances de marché. Une entreprise sera particulièrement vulnérable si elle dépend d'un approvisionnement très spécifique et non substituable, comme des micro-processus conçus sur mesure pour un modèle donné. [10]

Comme le développe une étude réalisée par les cabinets BGC et Quantis [4], les conséquences financières sont de plus en plus identifiées et mesurées pour les entreprises. En se basant sur les données du Carbon Disclosure Project, les auteurs de cette étude notent que les impacts dus aux risques physiques se traduisent sur :
  • La réduction de production : baisse de débit dans une centrale hydroélectrique, immobilisation d’une usine suite à son inondation, baisse de fréquentation touristique d’un site après des intempéries, etc...
  • Les dommages aux actifs : renouvellement forcé de machines, réparations de bâtiments, etc…
  • Les coûts opérationnels supplémentaires : accroissement de la consommation d’eau en période de canicule, renforcement des systèmes de climatisation, etc...
  • La dégradation de la situation financière de l’entreprise : hausse des primes d’assurance, augmentation des taux d’intérêt, baisse de l’attractivité pour les investisseurs, etc…
Les entreprises estiment que 40 % des impacts financiers des risques physiques proviennent d’un risque de baisse des revenus [4]
Que faire ?
Face aux risques climatiques, les entreprises doivent impérativement se préparer pour éviter des coûts excessifs et protéger leur activité. Cela passe par la mise en place d'une stratégie climat solide, qui s'articule autour de trois grandes étapes complémentaires.
Etapes de stratégie de minimisation des risques climatiques d'une entreprise [3]
1. Atténuation : réduire la source du problème
La première étape consiste à limiter ses propres émissions de gaz à effet de serre. En réduisant leurs émissions, les entreprises contribuent à freiner le changement climatique et, à long terme, à diminuer la fréquence et l'intensité des événements extrêmes. Moins d'émissions signifie moins de risques futurs.

💡 L'expertise Inuk
Depuis 2017, les équipes d'Inuk ont développé une expertise dans l'accompagnement des sujets d'atténuation au sein des entreprises. A travers :
  • Bilan carbone : évaluation complète des émissions directes et indirectes de l'entreprise.
  • SBTi (Science Based Targets initiative) : fixation d'objectifs d'émissions alignés sur les seuils de l'Accord de Paris.
  • Act Pas à Pas : démarche progressive pour réduire concrètement les émissions étape par étape.
2. Adaptation : anticiper et se préparer aux chocs inévitables
Nous en arrivons au coeur du sujet… C'est quoi, au fond, "s'adapter" au changement climatique ? Par où faut-il commencer ?
Pour bien se préparer au changement climatique, une entreprise doit d'abord cartographier les dangers concrets auxquels elle fait face.
Ça veut dire :
  • Identifier quels phénomènes climatiques pourraient la toucher (canicules, inondations, sécheresses, etc.),
  • Estimer à quel point ils sont probables à court, moyen et long terme,
  • Puis regarder où se trouvent ses usines, ses bureaux, ses employés et ses fournisseurs… et identifier ceux qui sont exposés à ces risques.
  • Enfin, elle doit évaluer à quel point ses bâtiments, machines ou chaînes de production pourraient être fragilisés — et combien ça pourrait coûter en cas de coup dur.
Une fois ce diagnostic posé, l'entreprise peut agir sur plusieurs leviers :
  1. Rendre ses installations plus solides : par des actions très concrètes, comme élever les équipements électriques pour éviter les pannes en cas d'inondation, ou installer des toits réfléchissants pour mieux supporter la chaleur.
  1. Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier : par une réflexion stratégique autour de la diversification des fournisseurs, de l'utilisation de modes de transport variés ou d'alternatives à activer en cas de difficulté. Les modèles portés par l'économie circulaire sont extrêmement intéressants ce ce point de vue, permettant de maximiser la réparation, la réutilisation, le recyclage pour diminuer la dépendance aux ressources externes.
  1. Repenser son fonctionnement : déplacer certaines activités, favoriser le télétravail en période de canicule, ou stocker des matières premières stratégiques localement.

💡 Exemple : Domaines Barons de Rothschild
En France, le groupe viticole Domaines Barons de Rothschild (Lafite) — propriétaire de grands crus comme Château Lafite Rothschild à Bordeaux — fait face au dérèglement climatique, qui se traduisent par l'avancée des vendanges en saison, la transformation du goût des raisins (plus sucrés, donc des vins plus alcoolisés) et la sécheresse des sols.
Le domaine a lancé une stratégie d'adaptation à travers l'insetting : l'entreprise investit directement dans la résilience de ses propres terroirs. Depuis 2020, elle plante des haies, des arbres et des bandes enherbées entre les rangs de vigne, crée des mares pour la biodiversité, et expérimente des cépages plus résistants à la chaleur. Ces actions régulent la température, retiennent l'eau et protègent la qualité du raisin.
3. Gérer les pertes et dommages : préparer la réponse aux impacts inévitables
Malgré tous les efforts, une partie des impacts restera inévitable. Il est donc crucial de préparer des dispositifs pour gérer efficacement ces pertes et dommages. Cela comprend la mise en place de plans de gestion des catastrophes, de systèmes d'alerte rapide, ainsi que des mécanismes d'évaluation rapide des dégâts. Les assurances et autres dispositifs de compensation jouent aussi un rôle clé pour limiter les conséquences financières.
Chapitre 3
OCARA : une solution pour les entreprises
Qu'est-ce que la méthode OCARA ?
OCARA, de son vrai nom Operational Climate Adaptation and Resilience Assessment, est le premier référentiel conçu pour évaluer la résilience des entreprises.
Développé en 2020 par Carbone 4, il répond au manque de standards dédiés à l'analyse des risques climatiques physiques. Ce projet a été conçu en partenariat avec l'ADEME, HDI Global France, Bureau Veritas et la CCI Grand Est.
L'objectif est le suivant : aider les acteurs économiques à rester opérationnels malgré les impacts du changement climatique, qu'ils soient déjà visibles aujourd'hui ou attendus dans les années à venir. OCARA propose pour cela une méthode et un outil permettant d'évaluer la résilience climatique d'une organisation et d'engager une véritable démarche d'adaptation.
L'approche repose sur un triptyque simple :
OCARA permet aux entreprises d'implémenter deux normes ISO :
ISO 14090:2019
Principes, exigences et lignes directrices pour l'adaptation au changement climatique.
ISO 14091:2021
Lignes directrices pour l'évaluation de la vulnérabilité, des impacts et des risques.
Comment ça fonctionne ?
La démarche OCARA se structure en trois étapes clés :
Etapes clés de la méthode Ocara
  1. Analyse de la résilience actuelle La première étape consiste à analyser la résilience actuelle de l’entreprise face au climat d’aujourd’hui. Pour ce faire, l’entreprise doit identifier ses processus à fort enjeu (étape 1A), leur sensibilité face aux différents aléas climatiques (étape 1B), et les capacités d’adaptation de chaque couple processus x aléa (étape 1C) En croisant ces données, on obtient un niveau de vulnérabilité/résilience pour chaque processus, ainsi qu’une estimation de l’impact potentiel sur l’activité. Cette analyse peut être réalisée site par site grâce à l’outil Excel fourni par OCARA.
  1. Climats futurs et scénarios d’impact Evaluer l’impact de la dérive climatique sur la résilience de l’entreprise selon plusieurs scénarios. Pour ce faire, on va croiser le niveau d’impact potentiel des couples processus x aléas avec l’évolution de la probabilité de l’aléa. Cela permet d’aboutir à un niveau de risque
  1. Plan de résilience et d’adaptation Identifier et planifier les actions à mettre en place pour augmenter la résilience de l’entreprise
OCARA s’inscrit dans une démarche d’adaptation itérative, de la même manière qu’un bilan carbone. Cette démarche peut être répétée tous les 2-3 ans. Cette méthode se réalise avec l’appui d’une personne formée à OCARA. Chez Inuk, plusieurs de nos experts maîtrisent la méthode et peuvent accompagner votre entreprise à la mise en place d’une stratégie d’adaptation.
L'exemple d'une entreprise du BTP

💡 Retour d'expérience : Rabot Dutilleul Construction
Lors de BIG 2025, organisé par Bpifrance, une table ronde sur l'adaptation au changement climatique a présenté le retour d'expérience de Rabot Dutilleul Construction sur la méthode OCARA.
Ce groupe familial du BTP (800 salariés, Hauts-de-France et Belgique), engagé depuis 2012 dans l'écoconception et formé aux enjeux climatiques depuis 2020, a expérimenté OCARA avec Carbone 4 et l'ADEME sur un chantier à Arras.
L'analyse a permis aux équipes de se projeter dans des scénarios concrets et progressifs, déclinés en trois types d'adaptation face au risque d'inondation.
1
Niveau 1 – Technique
Scénario : une inondation de 30 cm qui paralyse le chantier pendant trois semaines ou une vague de chaleur.
Solutions : installer des pompes et des batardeaux, surélever le matériel électrique, utiliser des équipements adaptés aux fortes chaleurs, anticiper les besoins en eau.
2
Niveau 2 – Organisationnel
Scénario : des inondations récurrentes chaque hiver perturbent systématiquement l'activité.
Solutions : réorganiser le calendrier des chantiers en fonction des saisons, suspendre certaines phases en hiver.
3
Niveau 3 – Financier
Scénario : une inondation de 30 cm bloque le chantier pendant deux mois, rendant impossible le rattrapage des retards.
Solutions : définir la répartition des coûts liés aux intempéries, engager des discussions avec les clients, assureurs et financeurs pour intégrer ces risques dans les contrats et partager la charge.
Cette réflexion collective a permis de dépasser la réaction technique pour imaginer une véritable stratégie d'adaptation. L'été 2025 a confirmé la réalité de ces enjeux : deux ouvriers ont subi des malaises liés à la chaleur sur un chantier près de Lille, ce qui a conduit l'entreprise à mettre immédiatement en place des mesures concrètes (bases-vie climatisées, adaptation des équipements de protection). Pour Rabot Dutilleul, comme pour beaucoup d'entreprises du BTP, l'adaptation n'est donc pas un exercice théorique mais une nécessité opérationnelle et collective.
Et c'est précisément l'objectif de la méthodologie OCARA : pousser les entreprises à se demander concrètement « que se passerait-il si… » et à réfléchir aux solutions réalistes pour continuer à maintenir une activité normale et travailler malgré des conditions climatiques de plus en plus contraignantes.
Conclusion de ce dossier
Face à l'ampleur des enjeux climatiques, il est désormais évident que le coût de l'inaction sera très lourd, non seulement pour les États et les assurances, mais aussi pour les entreprises elles-mêmes. Ces dernières devront faire face à des risques physiques croissants, mais aussi à des risques de transition liés à l'évolution rapide des réglementations et des attentes sociétales. S'adapter n'est plus une option, c'est une nécessité pour assurer la pérennité et la compétitivité des organisations dans un monde en mutation.
La méthode OCARA, en offrant un cadre clair et structuré pour évaluer et renforcer la résilience climatique, constitue une réponse pragmatique et efficace à ces défis. Chez Inuk, nous sommes fiers de compter parmi nos experts des professionnels formés et certifiés à cette méthode, capables d'accompagner les entreprises dans la construction de stratégies d'adaptation robustes et durables. Notre engagement est d'aider chaque acteur économique à anticiper, agir et transformer ces risques en opportunités, pour construire ensemble un avenir résilient face au changement climatique.

SOURCES
[5] unknown link
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